Réforme du lycée professionnel : les élèves seront plus longtemps en stage et moins en cours

Via RTL
Le 18 octobre et le 17 novembre 2022, l'intersyndicale de l'enseignement professionnel (CGT, FSU, SNETAA-FO, UNSA Éducation, SNALC, SUD Éducation, CNT Éducation) a appelé à faire grève et à manifester contre la réforme des lycées pros en cours de préparation. Et elle vient de lancer une pétition pour exiger son retrait. Cette réforme, jugent les syndicats, met en danger l'avenir scolaire et professionnel des jeunes et elle entraînerait des suppressions de postes chez les personnels.
630.000 élèves sont scolarisés en lycée professionnel, cela représente un tiers des lycéens. Ils sont répartis dans plus 2.000 établissements à travers la France, encadrés par 72.900 enseignants. L'Éducation nationale propose plus de 80 bacs pros différents.
La réforme prévoit d'allonger le temps passé en entreprise, pourquoi cela suscite-t-il un tel tollé ? Ce qui est évoqué, c'est une augmentation de 50% de ce temps en entreprise. Aujourd'hui, nous comptons 22 semaines de stage sur les trois ans de lycée. Cela ferait donc une dizaine de semaines en supplémentaire. Évidemment, cela veut dire moins de temps passé en cours.
Sigrid Gérardin du SNUEP-FSU, le syndicat de l'enseignement professionnel public, dénonce une très mauvaise réforme parce que, dit-elle, "les élèves de lycée pro viennent majoritairement de milieux populaires, ils cumulent les difficultés sociales et scolaires et ont besoin justement de plus de temps au lycée pour réussir leur bac, d'être accompagnés par les professeurs". Elle estime qu'avec des périodes en entreprise plus longue, il y aura moins de savoirs métiers acquis en atelier dans les établissements scolaires et que cela va appauvrir la formation des jeunes. Elle note aussi que les lycées ont déjà bien du mal à trouver des stages, et qu'il y a beaucoup de "stages bidons". Ele ajoute que les entreprises disent qu'elles n'ont "pas le temps d'accueillir les élèves", donc augmenter le temps de stage va forcément poser problèmes.
À l'inverse, Emmanuel Macron souhaite que les élèves passent plus de temps en entreprise, pour valoriser leur bac, ancrer davantage les formations dans le monde professionnel et améliorer l'insertion dans l'emploi. Il veut que les stages soient rémunérés. Cette gratification sera assumée par l'État pour motiver les lycéens, limiter le décrochage et favoriser la poursuite d'étude. Il souhaite aussi proposer des formations au plus près des besoins des entreprises, des territoires et des enjeux actuels : écologique, numérique, le grand âge, la réindustrialisation.
Refondre la carte des formations pour l'adapter aux enjeux actuels écologiques, économiques, industriels
Quand la réforme s'appliquera-t-elle ? À partir de la rentrée 2023 et elle se mettra en place progressivement sur le quinquennat, explique la ministre en charge de l'enseignement professionnel Carole Grandjean qui pilote la réforme. Elle a lancé une concertation, quatre groupes de travail qui rendront des conclusions en janvier/février et la réforme sera finalisée d'ici à l'été.
Carole Grandjean assure que tout reste à discuter : le nombre de semaines supplémentaires en stage, le montant de la gratification, ses conditions de versements et la nouvelle organisation des cours dans les lycées pro. Tous les élèves pourraient ne pas être en stage au même moment, précise le ministère. Cela permettrait d'avoir des effectifs réduits en classe, des pédagogies nouvelles et des organisations différentes d'un établissement à l'autre. L'autonomie des lycées reste une ligne rouge pour les syndicats d'enseignants qui tiennent au cadre national et au maintien d'une grille horaire commune, pour garantir la valeur du diplôme.
L'autre point important de la réforme est la refonte de la carte des formations pour l'adapter aux enjeux actuels : écologique, numérique, le grand âge, la réindustrialisation. Le gouvernement mise sur un rapprochement lycée pro/entreprise à l'échelle des régions. Les syndicats ne veulent pas en entendre parler. Les fermetures et ouvertures de filières dans les établissements seraient décidées uniquement au prisme des besoins locaux et à court terme des entreprises, disent-ils. L'intersyndicale refuse de participer aux groupes de travail.
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